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Les villes font face aujourd’hui à des dynamiques économiques et sociospatiales complexes. L’une de ces dynamiques est particulièrement d’intérêt ici : le « retour en ville » des classes moyennes. Identifié tout d’abord dans les années 1960 à Londres (Glass, 1989), le processus de gentrification a aussi été observé dans certaines villes américaines une dizaine d’années plus tard. Mais ce qui est décrit comme étant de la gentrification se réfère à différents phénomènes. Dans certains cas, la gentrification serait la résultante ou un effet de projets de revitalisation. Un exemple connu et documenté par Smith (1996) est le projet Society Hill à Philadelphie. Dans certains quartiers ouvriers, mis à part la sauvegarde de quelques bâtiments d’intérêt architectural, on fait table rase et l’on reconstruit pour une population plus fortunée. Dans d’autres cas, le processus aurait plutôt commencé de façon marginale, notamment à Montréal (Rose, 1984). Petit à petit, des ménages des classes moyennes qui ne possèdent pas nécessairement de capital financier, mais qui ont un mode de vie différent de la population traditionnelle des quartiers populaires, profitent des opportunités d’acquisition de logements à faible coût dans ces quartiers et les rénovent. L’agrégation de ces actions individuelles transforme peu à peu le quartier (Rose, 1984; Ley, 1996, Zukin, 1995). Le malaise associé au processus de gentrification est l’idée de remplacement d’une population moins fortunée, voire son déplacement plus ou moins forcé, par une population plus fortunée ou à tout le moins possédant ce que Ley (1996) identifie, en se référant aux modes de vie, comme étant un capital culturel (différent).

Il n’est donc pas étonnant que l’idée de régénérescence derrière la gentrification des quartiers en déclin soit séduisante. Les vieux quartiers et districts délabrés voient leur environnement physique se transformer par la rénovation, le design urbain, l’implantation de nouveaux bâtiments, etc. Suite à l’arrivée de nouveaux résidents plus fortunés qui forment alors une masse critique de clients potentiels, de nouveaux commerces s’installent dans le quartier. Cette dynamique entraine une diversification de la population et des activités du quartier, une augmentation de la mixité des fonctions et de la mixité sociale, plus particulièrement de la mixité socioéconomique. C’est pourquoi certains acteurs de l’urbain seront tentés d’encourager la gentrification voire, dans une certaine mesure, de la provoquer.

La mixité sociale est perçue comme une valeur, un idéal à atteindre dans les quartiers et les communautés. Pourquoi? Sans s’attarder sur cette question qui sera développée dans la quatrième partie de ce document, la mixité sociale favoriserait l’égalité et la cohésion sociale (Lupton et Tunstall, 2008). Or, la recension des écrits révèle que la gentrification peut être perçue comme un moyen d’atteindre un objectif de mixité sociale ou, à l’inverse, qu’un objectif de mixité sociale pourrait justifier la gentrification.

Ce document, qui comporte cinq parties incluant cette introduction, vise à alimenter la réflexion sur la mixité sociale dans l’arrondissement Ville‐Marie. La partie 2 du document présente les différentes formes de mixité dans l’arrondissement Ville‐ Marie. L’évolution socioéconomique et sociodémographique de la population ainsi que l’utilisation du sol, plus spécifiquement les projets majeurs récents dans l’arrondissement y sont décrits ou analysés. Cette partie se termine par l’état de la situation du logement social dans l’arrondissement.

L’évolution du foncier dans l’arrondissement, entre 2004 et 2011, est analysée à la partie 3. On tente de faire la lumière sur l’évolution récente du cadre bâti et des grandes tendances dans l’évolution des milieux résidentiels. En d’autres mots, cette partie tente de dégager la possible influence des projets majeurs dans l’arrondissement sur l’augmentation des valeurs foncières et, à plus ou moins long terme, sur l’accessibilité résidentielle pour différentes populations.

La partie 4 présente une recension des écrits sur la mixité sociale. Sans prétendre à une recension exhaustive des travaux traitant de mixité sociale, cette partie aborde les différentes formes de mixité, les impacts de la revitalisation sur la mixité sociale et la question relative à la cohésion sociale. Par ailleurs, cette partie présente quelques projets de mixité sociale programmée et leurs particularités.

Finalement, la partie 5 met en lumière les principaux constats et enjeux.

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Document rédigé par :
Hélène Bélanger
Département d’études urbaines et touristiques
École des sciences de la gestion
Université du Québec à Montréal

Avec la collaboration de :
Philippe Cossette
Tous pour l’aménagement du Centre‐Sud
Septembre

 

ÉQUIPE DE TRAVAIL
Alain Arsenault
CSSS Jeanne‐Mance

Hélène Bélanger
Université du Québec à Montréal

Philippe Cossette
Tous pour l’aménagement du Centre‐Sud

Éric Michaud
Comité logement Ville‐Marie

Nathalie Thifault
Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM)